20 mars 2006

De la bonne utilisation du temps

La lourdeur hiérarchique et administrative subie au travail peut être pesante. En voici un petit exemple: le compte rendu circonstancé de ses activités mensuelles.

Car chaque instant passé à son poste de travail se doit en effet d'être imputé sur un projet pour être ou non facturé. Les projets, eux, se voient attribués une part de temps plus ou moins importante selon leur criticité. La hiérarchie passe beaucoup de temps à réfléchir pour définir ces projets et leur ratio temps ... en clônant les statistiques de l'année précédente.
Dans le genre plan quinquénal immobiliste ...

Alors on passe du temps tous les jours à noter ce que l'on fait. Quand on n'y pense pas, on perd encore plus de temps à se souvenir de ce qu'on a fait. Mais peu importe en fait car la granularité macroscopique du procédé interdit de faire référence à de petites tâches. Pour arriver à 100% on impute donc sur d'autres projets plus gros, généralement les vieux sur lesquels on ne travaille plus guère et qu'on aimerait bien terminer si seulement les statistiques ne disait pas chaque année qu'on passe beaucoup de temps dessus.
Cherchez l'erreur.

En fin de mois c'est la course pour remplir les cases dans la belle application dédiée qui a coûté très cher. Et pour ne pas causer un infarctus si quelqu'un lisait les données collectées par mégarde et se rendait compte du temps que tout cela prend, il n'y a bien entendu pas de case "gestion du suivi du temps". Pas plus qu'il n'y a de case "réunion"; ces pugilats verbaux tout juste diplomatisées où tout débat fini systématiquement par un "fais comme j'ai dit" du chef qui n'a rien compris à la problèmatique qu'on lui a expliqué puisqu'il n'écoutait pas.

Mais il est en pourtant impératif que le n+1 puisse justifier son salaire en étant capable de sortir des jolis diagrammes quantifiant du travail de ses subordonés au n+2. Ce même n+2 qui a besoin de ses informations pour établir pour le n+3 une synthèse des différentes sous-sous-divisions dont il a la coordination. Le n+3 pourra alors pour mettre en place des indicateurs dans un tableau de bord. Tout cela sera dûement expliqué en réunion bi-semestrielle aux n+4. Ainsi ces n+4 seront plus à même de conseiller le n+5 sur les stratégies à employer et les décisions à prendre.

A chaque niveau, on arrondi, on synthétise, on généralise, on prend des marges ... Bref, on a de la déperditions d'information.
La révolution numérique n'est pas applicable partout.

Aucun commentaire: