Ayant passé pas mal d'entetiens ces dernières semaines, je me suis laissé tenté par un petit article best of, comme chez M*cD*. Relater mes expériences, parfois malheureuses, devrait pouvoir faire office de soupape préalable à de bonnes vacances. :-)
Tout commence avec un appel téléphonique. Après la traditionnelle entête au protocole de communication inter humain bonjour, la personne annonce généralement ses nom et prénom avec une célérité confinant au subliminal (toujours avoir de quoi prendre des notes sous la main quand on décroche ...). Puis vient systématiquement le sacro-saint je ne vous dérange pas ?. Ben si, pauvre pomme, je suis en pleine réunion de présentation des tableaux de bords des résultats du demi trimestre écoulé. Mais comme j'attendais ton coup de fil avec impatience consommée parce que t'es mon idole, j'avais rentré ta ligne directe dans mon portable rien que pour pouvoir te répondre et je m'en vais laisser poireauter les pontes du directoire. Enfin passons ...
S'ensuit généralement une remise de contexe: on s'était vus au salon machin chose. Je sais, j'ai fait que celui là, banane ! Et on embraye ensuite sur les questions « centre de tri »: est-ce que vous êtes toujours en poste ?, est-ce que vous êtes toujours en recherche ?, est-ce que vous êtes toujours en ligne ?, est-ce qu'on peut se voir ? ... Enfin, on y arrive; il lui en aura fallu du temps. Cela dit c'est toujours mieux qu'avec les filles quand j'étais ado, là je ne suis jamais arrivé jusqu'à cette phase.
La prise de rendez-vous en ce moment est un numéro de funambule jongleur. Force est de constater qu'en ce moment, ça brasse grave. De l'aveu même d'une recruteuse, la période est propice à la recherche de profils expérimentés et pas mal de personnes en poste passent leurs soirées en entretien. Il n'est déjà pas facile de trouver des disponibilités lorsqu'on travaille mais avec les fêtes qui viennent se greffer là dessus, autant chercher un cluster défectueux dans des téras de SAN.
Question horaire, j'ai essayé le matin mais arriver chez le client à 10h30, ça se voit et terminer plus tard tous les soirs de la semaine pour rattraper, c'est déprimant. Alors maintenant je réclame des crénaux vespéraux, comme tout le monde (pour une fois). Du coup j'empile les déguisements pour la journée. Je dissimule ma chemise sous un pull large et j'enfile et j'ote ma veste en même temps que mon anorak pour que ça ne se voit pas trop. Le plus difficile, c'est de ne pas me faire serrer dans les toilettes en train de me mettre un coup de déo à 17h dans le secret espoir d'arriver un peu plus « frais » à mon entretien.
Le jour dit, il faut rejoindre le lieu du rendez-vous. Et là, deux cas de figure s'opposent. Soit la société est coincée en centre ville et il faut prévoir un bonne vingtaine de minutes de marge qui seront rapidement consommées par la recherche d'une place de parking. Soit la société à décidé de s'expatrier au fin fond d'une banlieu bien glauque, auquel cas il faut prévoir une bonne demi-heure pour palier à la pléthore de demi-tours intempestifs dans des rues sans nom à la numérotation hétéroclite et qui se ressemblent toutes les unes les autres.
Une fois l'immeuble trouvé, l'affaire n'est pas encore gagnée. J'en veux pour exemple une récente expérience. Mais entrons dans le coeur du sujet: l'entretien proprement dit.
La mise en bouche est le plus souvent le remplissage d'un dossier administratif. Nom, prénom, adresse, date et lieu de naissance, numéro de permis de conduire, de sécurité sociale, nom de jeune fille du père ... Le tout agrémenté des pièces justificatives idoines: photo d'identité, photocopies de la carte d'identité, du dernier diplôme obtenu, justificatif de domicile, dernier bulletin de salaire, certificat de non gage de votre âme ... Étonnant qu'on ne demande pas encore un chèque de banque en caution ! C'est long, fastidieux et quelque peu inhumain. Bienvenue dans Brazil version longue.
Si on n'a vraiement pas de bol, une batterie de tests peut suivre. Test de personnalité, établissement de profil psychologique, évaluation psychotechniques ... En avant pour les suites à compléter pour quantifier votre esprit analytique, les QCM où il faut choisir sa couleur préférée pour savoir si on est plutôt consensuel ou polémique, les questions tordues pour déstabiliser ... Je me suis promis au prochain test dans le genre de systématiquement opter pour « la réponse D » (faute de pouvoir choisir la réponse « Obi-Wan Kenobi »). Enfin, personne n'est encore allé jusqu'à me demander si j'étais puceau, les pieds posés en éventail sur le bureau façon Steve JOBS. C'est toujours ça.
Plus classique, la présentation de la société. Un bla-bla surfait supposé exposer ce qui la différencie des autres sociétés du même genre; à savoir dans les faits: quasiment rien du tout. J'ai tout de même dû subir une fois un défonçage de portes ouverte expliquant le principe de la société de service: nos collaborateurs sont le plus souvent chez le client alors pour qu'ils aient le sentiment d'appartenir à notre société, nous organisons des évenements pour qu'ils puissent se connaître entre eux, se rencontrer en dehors du cadre du travail, échanger sur leurs expériences professionnelles et les technologies qu'ils maîtrisent ... Et moi, bonne poire, j'écoute sans interrompre en me demandant ce que parler ainsi boutique, même autour de boules et de quilles ou de karts, peut avoir de « hors du cadre professionnel ».
Ensuite, c'est à moi de tenir le crachoir en soutenant mon C.V. Je me demande pourquoi je m'entête à présenter ça de façon chronologique. Peut-être parce que c'est ce qu'attend intuitivement mon interlocutrice. Certaines restent le nez sur leur écran à me demander trois fois l'orthographe d'un logiciel que j'ai utilisé et qui est de toute façon déjà en mot-clef dans mon C.V. D'autres me font un grand sourire en hochant la tête de temps à autre mais leur regard vide traduit leur incompréhension. Impossible pour elles de comprendre ce que j'explique. Trop technique. Même les directeurs soi-disant « techniques » ont du mal à me suivre. (Heureusement que je n'ai pas de chaussures montantes, je peux encore les enfiler).
Parfois la présentation s'arrête là. Parfois il faut en plus que j'explique ce que j'attends de mon futur employeur, de ma prochaine mission. Le plus difficile dans cet exercice étant de ne pas laisser transpirer mon moi profond, à savoir que je suis un gros chieur jamais content, qui sait ce qu'il veut (et surtout ce qu'il ne veut pas) et que cela ne correspond que très vaguement aux attentes d'une société de services (à savoir une personnalité maléable et corvéable à merci).
On garde le meilleur pour la fin avec les prétentions salariales (on note le mot « prétentions »: c'est ce qu'on veut, pas forcément ce qu'on obtiendra). Là encore, difficile de trouver le juste équilibre, Siddhartha m'en soit témoin. D'un côté je n'ai pas très envie de me faire à nouveau « exploiter par un profiteur ». D'un autre côté mon principal intérêt jusqu'ici était de n'être pas (trop) cher et je ne veux pas faire peur avec des budgets élyséens.
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