18 août 2006

Knight moves

Puisque mes co-rédacteurs me réclament désormais des articles, je vais ce soir porter témoignage d'une situation somme toute courante. Une collègue, philosophe, m'a dit que cela me permettrait d'en rire lorsque j'aurai quitté mon actuelle mission. C'est également meilleur marché qu'un lustre de thérapie.

Mon manager était revenu de vacances au début de la semaine. J'attendais non sans angoisse la réunion hebdomadaire d'équipe. En trois semaines, il s'en était passé des choses. Les comptes rendus oraux des différents participants risquaient fort de s'éterniser ...
Par un fort heureux hasard, mon manager avait comme bien souvent pris un autre rendez-vous en même temps. J'allais pouvoir travailler en paix me disais-je.

Las ! Le répit fut de courte durée. Mon manager s'en était venu une fois son rendez-vous terminé pour me soutirer toute information possible sur l'avancement du gros projet en cours. Dans mon bureau, il ne s'était pas donné la peine de de se tirer une bûche. Il s'était assis céans, à crouptions; un peu comme en signe de soumission pour mieux quémander son adoubement cognitif.

Pendant qu'il m'assiégeait de ses interrogations, je songeais à l'article que je n'allais pas manquer d'écrire. Il me fatigue, certes, mais je ne suis pas encore assez doué m'occuper en comptant les mots qu'il dit.
Je lui traçais les grandes lignes, espérant lâchement qu'il cesserait de m'importuner cette pitance reçue. Je lui expliquais par exemple qu'on pouvait ajouter des tests au service grâce à un système de scripting côté serveur.

De son côté, il me parlait d'un document à écrire avant de pouvoir commencer le projet. Je découvrais cet impératif du système qualité permettant de faire avaliser le choix des divers composants techniques. Le bât me blessait en cela que la mise en place était déjà commencée depuis plusieurs semaines.
Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, mais après tout rien n'empêche de mettre les-dits bœufs après la charrue en question ! En outre, de son propre aveu, il ne savait même pas à quelle sous-sous-ramification de la société s'adresser pour obtenir la validation recherchée une fois que le document serait terminé.
Nous prîmes tout de même rendez-vous pour la semaine suivante afin de rédiger à quatre mains ce document de post-pré-validation.

La semaine suivante, ce rendez-vous fut annulé. Normal. J'en avais conjecturé que mon manager devait s'être auto-prescrit de la Procrastine 500 ou un générique équivalent suite au surmenage de ses vacances.
Pour ma part, je ne pouvais par contre surseoir aux fourches caudines du comité de pilotage du projet. Avec le chef (le vrai; celui du client) mais non sans la présence de mon manager. Décision inconsciente: surtout ne pas le regarder. Priorité: adresser la parole au chef principalement. S'exprimer en termes simples et compréhensibles. Ne pas marquer de pause si possible. Mon manager n'aurait pas manqué d'en profiter pour sortir on ne sait quelle fadaise.

Vaine précaution ! Un petit temps mort et il en profitait pour glisser: "Et ... tu n'as pas parlé des macros des clients ?". Sous entendu: j'avais oublié quelque chose d'important qu'il savait, lui.
Le chef ne semblait nullement dupe de cette forfanterie.

Je marquais cependant un temps d'arrêt. Qu'avait-il bien pu vouloir dire ?
Guru meditation, insert coin ...
Au bout d'une poignée de secondes, je comprenais et j'enchaînais à la volée avec une voix un peu plus sévère et désabusée qu'il n'eut fallu: "Il n'y a pas de macro dans les clients, tu veux peut-être parler du scripting côté serveur ?"
Lui, forcé d'acquiescer pour ne pas perdre la face et moi de conclure en enfonçant le clou: "On a déjà évoqué le sujet la semaine dernière, je ne vais pas en reparler".
Check.

Maintenant que cet article est écrit je me dis que peut-être, la prochaine fois je trouverai la force de ne pas lui livrer mes billes (surtout vu ce qu'il en fait). S'il reste sec devant un supérieur, il réalisera peut-être que la connaissance prévaut à la position hiérarchique. (Dreamer, you know you are a dreamer)
Psychologie canine appliquée. Laissez un chien vous faire dessus une fois, il prendra cela pour un droit acquis et le refera. Une volée de bois vert et il n'osera jamais recommencer.

Je ne suis vraiment pas fait pour gérer des personnes. Les matériels électroniques et informatiques me conviennent décidément mieux.

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