Tout d'abord, laissez-moi vous présenter les forces en présence:
- Ha ! Tout saigneur, tout auneur: mon cuistre de manager.
Classification: mauvais / hostile (voir l'article "Mon supérieur ... hiérarchique").
J'espère avoir un jour l'occasion de lui dire ses quatre vérités entre quatre yeux. Pourtant, même avec des mots simples empreints d'une rude franchise, je me demande s'il comprendrait mes doléances mieux que mon chat ... - Mon commercial attitré.
Classification: neutre / bon.
Lui ayant rapporté l'ambiance délétère de ma mission, celui-ci m'en a promis une toute neuve.
Cela dit, ne rêvons pas. En juillet-août dans notre beau pays, le buisness se morfond en attendant la rentrée. - Et enfin, un plébéien ingénieur.
Classification: geek / clown (on se demande bien qui ça peut être).
Le malheureux protagoniste de cette mascarade.
Il a fallu que ce soit un repas du temps de midi.
Que peut me chaloir ? L'exaspérante chronophagite-futilitas intrinsèque. (Vous avez le droit de vous arrêter un moment pour réfléchir.)
Une demi-heure expédié dans une salle de réunion climatisée aurait été pour ma part bien plus efficiente mais il parrait qu'il convient d'ajouter un enrobage humain et social.
Je dois être un monstre.
J'avais proposé un restaurant et bien entendu, mon manager a cru bon d'en choisir un autre sans trop se soucier de demander leur avis aux autres participants. Histoire de bien marquer son territoire (tant qu'il n'urine pas sur les chaises de bureau).
Mais, imbu de sa personne, il délègue les viles besognes aux pauvres hères comme moi. En signe de rébellion, j'avais donc réservé à mon restaurant. Na !
Mauvaise pioche: une terrasse, en été. J'aime tellement la lumière et la chaleur ! Moi qui suis quasi-vampire; le plus souvent reclu dans mon milieu naturel: la salle serveur.
Chcrongneugneu. :-/
Acte I
Las d'assener des billevesées en réunion, mon manager verse dans un exercice qui doit mieux lui seoir: la démonstration de déférence. Il commence en babillant et en papottant avec mon commercial, histoire de l'amadouer. Ils se découvrent des passions communes.
Semble alors se révéler à moi un homme sociable et affable, qui sait écouter avec attention et répondre avec pertinence. Estomaqué, j'en reste comme deux ronds de flan à le voir faire des ronds de jambes. Aurais-je pu me fourvoyer à ce point sur son compte ?
Acte II
Comme il faut bien aborder les sujets qui fâchent, le déroulement de la mission arrive sur le tapis. Et là, on entre dans le foutage de gueule de niveau olympique.
Avec force minauderies et flagorneries, voilà mon manager qui m'encense au lieu de me villipender et de m'admonester comme à son habitude. Je n'hésite pas un instant entre le diagnostic d'un cas clinique de schizophrénie et la manipulation mentale de haut vol d'un puppet master aguerri.
Acte III
Profitant d'une absence physique de mon manager, mon commercial m'entretient en privé. Il m'avoue ne pas comprendre le déroulement de la réunion.
Comme je le comprends ! Avec le portrait de mon manager que je lui avais brossé, pas étonnant qu'il soit surpris.
Peut-être se demande-t-il si je n'affabule pas.
Acte IV
Vient alors le temps de conclure.
À la vue de ma préstation digne de louanges, mon manager me demande: "Alors, tu veux rester avec nous ?".
Conscient qu'il serait inopportun de trancher le nœud gordien par une dénégation franche et massive, j'hésite dans un moment de flottement. Faut-il ouvrir la boîte de Pandore ?
Fervent partisan du full disclosure, j'éprouve des scrupules rédibitoires à me vautrer dans l'hypocrisie. Tout au plus puis-je espérer jouer le joker de l'ironie/quoproquo.
Mon commercial vient alors à mon secours en coupant court à cette interrogation qui reste aujourd'hui encore expectative.
Ouf, sauvé.
Acte V
De retour au bureau, mes collègues tiennent lieu de thérapeutes en écoutant, compatissants et sympathisants, le récit de ce fol épisode de sustentations.
1 commentaire:
Article désabusé a dit ma femme ...
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