Ce matin, plantage d'un service. Je commence à regarder les logs du serveur, lorsque mon manager arrive en trombe dans mon bureau. Il m'enjoint de ne pas relancer le service, ce à quoi je répond avec un œil noir que j'ai 10 ans de métier. Il y en a qui ne doutent de rien. Mais que peut-on attendre d'une personne qui à 30 ans passés dit encore: "il faut qu'on voiye ce qui se passe" ? Il me demande de regarder les logs, je rétorque que c'est ce que je suis en train de faire. Pardi !
Le problème selon lui: un utilisateur a un mot de passe avec un point. Je peux comprendre que le service ait déjà planté à cause d'une mauvaise gestion des accents et des conversions iso-latin1 / UTF-8, mais point pour un point. :-/ Pendant qu'il déblatère ses élucubrations, je me dis ce serait bien de lui apprendre l'hygiène bucco-dentaire en plus de l'orthographe. Qu'il se brosse les dents le matin ou qu'il prenne une pastille à la menthe après avoir bu son café. Tiens ... une idée marketing à creuser pour S*l*ct*.
Ensuite, il explore la voie des problèmes réseau. C'est vrai qu'ici l'infrastructure n'est pas en ligne, ni en boucle, ni en étoile mais en pointillés. Selon lui le service pourrait s'arrêter à cause des reboot des hubs. Heureusement que je lui dit pas que mon stylo bille n'écrit plus, sinon il me prescrirait un reboot de ma lampe de bureau. Il faut dire que reboot est le seul truc qu'il sache faire; alors il le vend bien: "tu comprends, quand on reboot, la mémoire est nettoyée, on est sûrs d'être clean ...". C'est ça; prends moi pour une truite.
Cela dit, un service qui ouvre des flux réseaux rémanents pour pouvoir se lancer, qui se plance si le réseau tombe et qui n'est pas fichu de redémarrer seul, c'est pas terrible. C'est d'ailleurs sans doute pour ça qu'il est encore en test sur une machine bancale au fin fond de la salle serveur. À se demander pourquoi toute l'entreprise l'utilise et la hiérarchie communique fièrement à son sujet. Bref, ayant d'autre chats à fouetter (jeu de mots), j'abandonne lâchement. Mon manager s'en retourne à son bureau et je lui crie en encouragement "bonne chance, Jim".
Il me rapelle dans l'après midi "tu peux venir s'il te plait". On note la formule de politesse postfixée, témoin de la précarité de sa situation. Je rapplique donc illico dans son bureau pour regarder ce qu'il fait (surtout le coin inférieur droit de son écran pour l'horodatage) tout en m'effforçant de présenter un air grave de circonstance.
Il recherche les sauvegardes pour restaurer la base de données tel qu'elle était la veille et découvre qu'il n'y a plus de backup depuis plusieurs semaines. Je me saisi du piano pour ne pas perdre de temps, retrouve le script d'archivage, trouve une erreur de syntaxe, la corrige et refait tourner le script. Il s'interroge: qui donc à modifié le script ? Je me retiens non sans peine de répondre: "le colonel Moutarde avec le chandelier dans la salle de bains." En tout cas ce n'est pas moi, j'étiquette systématiquement mes modifications (il faut savoir assumer). Sans réponse ni piste à son problème, il me laisser retourner vaquer.
Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'il trouvera in extremis la solution. Il y avait effectivement un compte avec un accent (enfin, une cédille). C'est pas comme si on avait pas déjà eu le problème ...
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