La qualité d’un décideur ne peut être jugée au seul vu des résultats…
Vous êtes comme moi ? Ça vous fatigue aussi d’entendre toujours les mêmes expressions comme par exemple le coup de monsieur Jourdain et de la prose ? Oh! là. Ça fait bien 20 ans que nous l’entendons celle-là. Et c’est pas fini. Il y en a toujours un pour la ressortir ! A croire qu’elle doit réveiller en nous quelque chose de coincé entre Racine et Corneille. En ces temps de potache, Molière était en effet une forme de soulagement.
Des YAKA FOKON…Une autre expression est tout aussi lassante : C’est la référence au "yaka fokon". A croire que l’entreprise ne serait peuplée que de conseilleurs aux bras coupés. Bon ! Ok, je vous l’accorde, ils sont assez envahissants. Mais cela dit, ce ne sont pas eux les plus nuisibles. Eux ne font rien ou pas grand chose. Ils ne font donc que peu d’erreurs. Non.
…Aux TUNOREPADU A mon avis les plus dangereux ce sont les "pousse au regret". Ceux que l’on pourrait appeler les "ifalépafercomça" et les "tunorépadu". , ceux qui répètent sur un ton protecteur (donc dominant) teinté de fatalisme (sous-entendu : finalement tu n’es qu’un nul): "Il fallait pas faire comme ça…", "Pourquoi as-tu fait comme cela ?", " Tu n’aurais pas dû " ou encore "tu aurais dû me demander d’abord je t’aurais dit de ne pas le faire". (Ah le conditionnel passé ! Voilà un temps peu constructif !). Bref, tous ceux qui se sentent en force pour juger a posteriori une décision prise par un autre. Ces conseilleurs à rebours sont réellement les personnes dangereuses. Rabat-joie de nature, destructeurs par vocation, ils sont des briseurs d’enthousiasme, des castrateurs de l’initiative. Ils étouffent la fougue et la pétulance de la jeunesse, berceau de la force et de la créativité, et incitent à l’extension de l’indifférence, voire de la rouerie. Accusé, culpabilisé, l’infortuné décideur n’a plus que le regret comme bouée pour son estime personnelle. "Je ne recommencerai plus" pensera-t-il. C’est bien là le but de la manoeuvre.
On ne juge pas une décision a posteriori. Trop facile !Il faut s’ancrer bien au fond du crâne et une bonne fois pour toutes que la qualité d’une décision ne se juge pas aux résultats. C’est comme ça. Lorsque le temps est passé, lorsque le contexte s’est précisé, lorsque les premiers résultats ont pointé le bout de leur nez, le jugement est aisé. Les évidences apparaissent. Mais on oublie un peu facilement qu’au moment de la décision, celui qui décidait ne disposait pas de toutes les cartes en main. En fait, c’est exactement cela la décision en univers complexe et incertain. On ne dispose pas de toutes les cartes.
Pourtant, il faut s’engager. Il faut prendre le risque de choisir. Ou d’éliminer si vous voulez. Décider c’est choisir, mais c’est aussi éliminer. Est-ce le choix le plus opportun ? L’avenir nous le dira. Mais le décideur ne peut en aucun cas être mis en cause. A moins qu’il n’ait pas tenu compte d’informations disponibles à ce moment. Ah! Dans ce cas il est impardonnable. Autrement, on ne peut abuser de la position hautement confortable d’être plus avant dans le temps pour juger une décision prise. Trop facile ! Non seulement, le terrain s’est éclairci, mais de plus on dispose de l’expérience apportée par la décision. Une bonne décision ne peut se juger a posteriori. C’est ainsi.
Source : ZDNet
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