10 avril 2006

Réunion

Pour faire pendant aux 10 règles du management, voici les 10 règles de la réunion:
  1. Élever la voix le plus possible.
    Celui qui crie le plus fort est celui qui a raison. La conspuation est un principe séculaire bien connu et fortement ancré dans l'inconscient collectif.
    Sans doute les restes d'un atavisme de notre archéo-cerveau. Bougha ! Bougha !

  2. Menacer.
    Lorsque le ton n'est pas suffisant, utiliser l'ancestral argument de la peur.
    Excommunication et opprobre n'ayant malheureusement plus cours à notre époque, préférer en milieu professionnel l'astreinte à des heures supplémentaires, le refus de congés à venir, les sanctions administratives et bien entendu, le licenciement.

  3. Couper la parole.
    Pourquoi écouter ce que les autres ont à dire quand on est omniscient et qu'on peut toujours dégainer son 49-3 local dans le cas contraire ?
    "C'est moi le chef, fais ce que je dis" (mais surtout pas ce que je fais, hein ...).
    Peut également s'utiliser pour couper court à la formulation d'une bonne idée qu'on pourra plus tard reprendre à son compte (voir règle 7).

  4. Cogiter à ce qu'on peut répondre.
    L'écoute active est une théorie aussi caduque que celle des humeurs ! Il est préférable de penser à une contre-attaque plutôt que de perdre son temps à prêter attention aux dires d'autrui.
    À utiliser quand on ne peut pas appliquer la règle 3 (si l'interlocuteur été plus prompt à l'appliquer).
    Le faire dès qu'on a une idée, même mauvaise (voir règle 6), en s'efforçant d'appliquer la règle 1. Oui, je sais, ça commence à devenir compliqué; mais c'est un métier hein ...

  5. Commencer ses réponses par "je suis d'accord avec toi, sauf que".
    L'auditoire ayant tendance à ne reternir que le début et la fin d'une intervention, éviter à tout prix la simplification sémantique "je ne suis pas d'accord parce que".
    On risquerait d'être pris en faute si les arguments qui suivaient ne s'avéraient pas pertinents ou incohérents.

  6. Critiquer systématiquement, par principe.
    Règle de portée générale à appliquer à l'envi sans réfléchir. À travailler pour l'acquérir comme un réflexe.
    Les arguments les plus trompeurs et sournois seront les bienvenus. En cas d'échec, appliquer la règle 7.

  7. Reformuler les idées des autres à son propre compte.
    Encore plus efficace lorsque pratiqué hors réunion, en comité restreint avec la hiérarchie. Il est alors capital d'utiliser "je" comme sujet plutôt que tout autre pronom personnel.
    Si on se fait attraper la main dans le sac en réunion, on pourra toujours se rétracter en arguant s'être prétendu d'accord avec la personne à l'origine de l'idée. Il est alors crucial d'avoir appliqué la règle 5.

  8. Changer de sujet.
    Esquive permettant d'éviter de capituler en avouant avoir tort.
    Attention il ne s'agit bien entendu pas d'élever de débat pour faire avancer les choses. L'enlisement dans d'absconses explications est un bon exemple d'application.

  9. Jouer l'incompris.
    En présence de la hiérarchie uniquement.
    Prétendre que l'autre n'a pas compris ce qu'on voulait dire.
    Peut servir de préambule à la remise en question des capacités intellectuelles de l'autre (voir règle 10).

  10. Remettre l'autre à sa place.
    Lui rappeler son statut inférieur et son manque d'expérience.
    En bon sycophante, mettre en avant ses erreurs passées tout en ayant prétendu à l'époque ne pas lui en tenir rigueur.
    Attention dans ce cas à ne pas le faire en présence de témoins de l'époque, surtout s'il s'agit de supérieurs.
Lexique non exhaustif des forumulations prohibées:
  • "Que penserais-tu de ..."
  • "Comment ferais-tu pour ..."
  • "C'est une bonne idée"
  • "Je suis d'accord avec toi"

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