19 novembre 2007

kill -9 -1

Alors voila, pour celles et ceux qui auraient raté les épisodes précédents; un petit résumé. Il y a quelques temps, j'ai passé mon entretien annuel avec mon commercial. À la fin de ce type d'entrevue, il est de coutume de traiter la question de la revalorisation salariale de l'employé (sinon, personne n'irait perdre deux heures en pipautages commercialo-managériaux cephalo-conditionnant).
Pour préparer cette phase ô combien stratégique, j'étais au préalable allé glané quelques chiffres sur le net (Avec Nous Peu d'Espoir, Abonné Pour En Chier ...). Ma noble quête me donnait une fourchette de tarifs pour ma spécialité (entre A et B, où B = A + 15%). J'étais malheureusement pour mon banquier fort loin de ces chiffres astronomiques (C = A - 6%; vous arrivez à suivre en maths ?).

Fort de ces données, je plaidais ma cause auprès de mon commercial et me vis opposer une fin de non recevoir: pas plus de 4% maximum et un petit laïus brimant: "et encore, estimes-toi heureux tu es parmi les mieux payés" (argument irrecevable selon moi, attendu que je suis des plus anciens, cela va de paire).
Lorsque je parlais des offres que j'avais vu, mon commercial me servait un FUD réchauffé: "oui mais ce sont des offres d'appel, à l'embauche, ils renégocient les tarifs plus bas" (traduisez: les autres c'est rien que des méchants, alors que nous, on est les gentils).

Quelques jours plus tard, au hasard de forward de mails, je recevais fort opinément dans ma boîte de réception un courrier relatant l'étude d'un journal reconnu sur les salaires des informateux dans mon genre. Bilan: dans mon domaine d'activité précis, B (le haut de mon panier), c'est plutôt le salaire *médiant*. Quant à l'augmentation moyenne, elle a été de plus de 6% pour l'année en cours.

Gasp. :-/

Inutile d'aller voir mon commercial avec ces nouvelles informations, j'aurais certainement eu droit à une réponse du genre: "ha oui mais l'augmentation, c'est seulement une fois par an". M'estimant lésé, je toilettais mon C.V. pour aller chasser lors du récent salon des Jeudis.
Rencontrant mon commercial sur ce salon, je lui exposais mon point de vue et ... devinez quoi ? Il réitérait son FUD: "oui mais tu verras, les conditions ne sont pas les même". Ce à quoi je répondais: "justement, je vais aller voir". Je l'ai senti rire un peu jaune (je suis devenu une légende chez mes collègues d'infortune). Mon commercial a alors cherché à raccrocher les wagons: "si jamais tu trouves, reviens me voir".
Résultat des courses: j'ai déposé mon C.V. dans plusieurs sociétés. Malheureusement toutes des sociétés de service. :-( Force est de constater qu'il aura beaucoup plu (ça fait toujours plaisir et ça rassure); tant en contenu qu'en présentation. J'ai demandé systématiquement plus que A mais moins que B (qu'est-ce que je suis con !). Sur la dizaine de sociétés que j'ai fait, seulement deux ont tiqué sur mes prétentions. L'une d'entre elle ne l'a d'ailleurs fait que pour la forme, pour tester mon répondant.

Alors voila, aujourd'hui tous les responsables de ma société pensent que je veux quitter la boîte. Ce qui n'est pas totalement faux car si je ne trouve pas mieux ailleurs, je peux me brosser pour mon augmentation l'année prochaine (réponse type: "t'as vu l'année dernière que t'étais qu'un gros prétentieux") et si je trouve mieux ailleurs et que je renégocie mon salaire en conséquence dans ma boîte actuelle, je pourrai également me brosser pour cette même augmentation de l'année prochaine (réponse type: "mais, tu as déjà eu une double augmentation l'année dernière").
Dans les deux cas, je suis clairement marqué au fer rouge comme le chieur. Celui qui arrête une mission qui ne lui plait pas quand ça lui chante. Celui qui n'avale pas les couleuvres de sa hiérarchie sans aller vérifier les faits. Je suis un danger identifié.

En terme professionnel, on appelle ça un suicide.

3 commentaires:

Hornet a dit…

Mais qu'est-ce que ça doit être bon :D
t'aurais du mettre B+5% comme prétentions.
J'aime beaucoup l'argument : "Si tu trouves autre chose on peut en discuter" ... ça fait un peu grande surface : "Si vous trouvez moins cher ailleurs on vous rembourse la différence"

Dr Schizzo a dit…

Une belle implémentation de l'adage "fuis moi je se suis, suis moi je te fuis".
C'est ça le commerce mon brave monsieur. On a beau les habiller un peu classe, leur gratter une petite couche de technique superficielle pour mieux entourlouper le client, les commerciaux restent des marchands de tapis hein ...
Bon j'arrête sinon je vais devenir méchant.

Dr Schizzo a dit…

On m'a récemment posé une question. Pourquoi mon commercial, sachant que je pars et connaissant mes capacités, ne m'a pas fait immédiatement une meilleure offre pour me garder ?
La réponse que j'ai pu apporter est la suivante: soit il ne connaît pas le marché (et dans ce cas là, j'hésite à continuer à travailler avec lui) soit il le connaît très bien mais ne veux pas m'augmenter (et dans ce là la par contre, j'hésite à continuer à travailler avec lui).
Il y a plusieurs justifications possibles à la dernière théorie. Le fait que la boutique soit actuellement dans une phase "gagne petit" et cherche à gratouiller des sous-sous dans les fonds de tiroirs (la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf). Le fait que mon commercial souhaite me tester et savoir si je vais au bout de ce que je fais (je n'y crois pas trop). Ou bien encore la possibilité non négligeable que mon commercial souhaite simplement épurer les anciens (présents avant son arrivée) pour légitimer sa présence (théorie élaborée avec un collègue).

Qui vivra verra.
Ou pas.